Le tour de Kessel
Trois générations pour une Pléiade
Joseph Kessel aimait la Pléiade. L’écrivain reporter se faisait envoyer après-guerre des volumes de la collection par son éditeur et ami de longue date Gaston Gallimard. Il est vrai que depuis 1949, il s’était enfin fixé dans un bel appartement du VIIIe arrondissement, au 18 rue Quentin-Bauchart, son dernier domicile parisien. Une telle bibliothèque y avait toute sa place.
Mais cet attachement à la Pléiade n’était pas que celui d’un lecteur : l’auteur Kessel intéressa aussi de près la collection… et de façon assez inattendue, comme le laisse deviner cette lettre de Gaston Gallimard du 5 mai 1949*.
Parution le 15 Avril 2021
1248 pages, ill., Prix de lancement 49.90 € jusqu'au 30 09 2021
La lecture des comptes rendus de La NRF sur les volumes de La Pléiade nous a appris autant sur la méthode critique de la revue centenaire que sur les grands mobiles d’une collection (Lettre de la Pléiade, 36). Car la critique de Prévost, Cingria ou Caillois, si elle laissait partout affleurer le socle de l’« esprit NRF », approuvait aussi la Pléiade dans ses choix et la révélait à sa singulière complexion.
La Nouvelle Revue française et la Bibliothèque de la Pléiade avaient ceci de commun dans les années 1930 à 1950 qu’elles préféraient une « critique d’écrivains » – comprise comme un dialogue d’égal à égal, de créateur à créateur, informant autant sur l’auteur de la critique que sur celui qui en est l’objet – à une présentation « scientifique » des œuvres. La Pléiade fit ainsi souvent appel à des écrivains « de son entourage » – celui de la NRF, s’entend – pour ouvrir ses éditions d’œuvres classiques.
Du premier entretien qu’il eut avec Valery Larbaud durant l’été 1934, l’écrivain et journaliste néerlandais Eddy du Perron, ami de Malraux, se permit un jour de citer ce court échange.
Si les publications des Éditions de la Pléiade sont plusieurs fois citées dans La Nouvelle Revue française avant 1931, il revient à son rédacteur en chef, Jean Paulhan – sous le pseudonyme de Jean Guérin – d’y signaler les premiers volumes de la collection d’œuvres complètes reliées (Baudelaire, Racine et Voltaire) en avril 1932.
Si l’histoire de la Pléiade est bien distincte de celle de La NRF (bien que les textes eux-mêmes aient beaucoup circulé de l’une à l’autre), un curieux épisode les réunit pourtant dans les années 1950, autour de la publication des œuvres romanesques de François Mauriac.
Sur le sujet des écrivains contemporains publiés dans la Pléiade (voir livraisons précédentes), deux pièces d’archives récemment mises au jour apportent leur éclairage particulier. L’une concerne directement l’entrée d’un auteur, et non des moindres, dans la collection ; l’autre, la réaction d’un lecteur embarrassé par les options de l’éditeur.