Les « Tirages spéciaux » de la Pléiade
En 2014 paraissait le premier « Tirage spécial » de la Pléiade, un volume de 1152 pages proposant trois romans de Sade tirés, respectivement, des tomes I (Les Cent Vingt Journées de Sodome), II (Justine ou les Malheurs de la vertu) et III (La Philosophie dans le boudoir) de l’édition des Œuvres parue dans la collection entre 1990 et 1998. Les textes y étaient accompagnés de leurs illustrations et de leur appareil critique, et précédés d’une préface inédite de Michel Delon, qui avait été le maître d’œuvre de l’édition en trois volumes. De quel désir cette entreprise est-elle née, et de quelle façon a-t-elle évolué ? C’est ce que l’on voudrait examiner ici, au moment où la Pléiade publie deux nouveaux Tirages spéciaux et met en lumière les douze volumes désormais disponibles de cette série particulière.
Parution le 25 Janvier 2024
165.00 €
Telle est la question. La Lettre de la Pléiade se devait de l’aborder un jour (au risque de la survoler, tant elle est complexe) : le problème de la complétude, ou de l’incomplétude, des éditions que publie la collection est en effet fréquemment soulevé par ses lecteurs, et toujours examiné par ses responsables au moment où ils conçoivent leurs projets.
Une évidence, pour commencer : on n’annote pas les romans de Chrétien de Troyes comme ceux de Claude Simon. Pourtant, la plupart des appareils critiques de la Pléiade présentent des traits communs. La réflexion à mener sur leur définition est une étape essentielle de nos « grandes manoeuvres ».
Bien entendu, les livres sont des oeuvres de l’esprit. Mais ces oeuvres-là ont une hauteur, une largeur, une épaisseur, un poids — bref, elles sont aussi des objets, des objets « pas comme les autres ».
Dans sa « Note sur la traduction », Philippe Jaworski évoque quelques-unes des difficultés auxquelles il a été confronté et les solutions qu’il a imaginées pour relever le défi permanent que lui lançait le texte. Nous publions ici de larges extraits de cette « Note ».
Le sommaire de l’édition a été mûrement pensé. Des calibrages ont été faits qui garantissent que les textes et l’appareil critique n’excèderont pas les dimensions souhaitées. Il reste à recueillir les autorisations et à signer les contrats qui permettront au livre d’exister.
Lorsque la décision de faire entrer un auteur à la Pléiade a été prise, les préfaciers ne sauraient se mettre aussitôt à préfacer, les traducteurs à traduire, les annotateurs à annoter. Avant de se lancer à l’offensive, il est préférable d’étudier le terrain.