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Pierre Corneille

Œuvres complètes

Tome III Édition de Georges Couton Nouvelle édition Feuilleter le livre

Parution le 10 Septembre 1987
Bibliothèque de la Pléiade, n° 340
Achevé d'imprimer le 26 Juin 1987
1760 pages, rel. Peau, 105 x 170 mm

65.00 € Acheter le livre

ISBN : 9782070111213
Code distributeur : A11121
GENCOD : 9782070111213

Ce volume contient

Lettres à l'abbé de Pure - Lettre à Pellisson - Œdipe - Poésies choisies (recueil Sercy) - Les Trois Discours sur le poème dramatique - Desseins de la Toison d'or - La Toison d'or - Lettres de Jean Chapelain - Air de M. Lambert pour la Reine - Lettres à M. de Clairefontaine - Lettres de C. Huygens - Sertorius - Sophonisbe - Avertissement des éditions collectives de 1663, 1664 et 1682 - Remerciement au Roi - À Monseigneur le Duc de Guise - Othon - Louanges de la sainte Vierge - Placet au Roi - Sonnet - Agésilas - Attila roi des Huns - La Guerre de dévolution - Au R.P. Delidel - Au Roi sur Sa conquête de la Franche-Comté - Lettre de P. Corneille à Saint-Évremond et réponse - Air de M. Blondel - Sur le canal de Languedoc pour la jonction des deux mers - Défense des fables dans la poésie - L'Office de la sainte Vierge - Tite et Bérénice - Psyché - Traduction en vers français de «La Thébaïde» de Stace - La Campagne de Hollande - Pulchérie - Sur la prise de Mastric - Au Roi touchant les fontaines - Suréna général des Parthes - Au Roi, sur Sa libéralité envers les marchands de la Ville de Paris - La Campagne de 1676 - Au Roi et placet - Je suis vieux, belle Iris... - Sur les victoires du Roi en l'année 1677 - Ode à M. Pellisson - Au Roi sur la paix de 1678 - Lettre à Colbert - Inscription pour l'Arsenal de Brest - À Monseigneur sur Son mariage - Version des hymnes de Saint Victor - Hymnes de Sainte Geneviève.

«Ce tome III, c'est Corneille qui revient au théâtre après l'avoir abandonné. À plus de cinquante ans, il a envie de se mesurer au vieux Sophocle. Seulement, chez Corneille, la solitude n'est plus un tête-à-tête avec le destin. Corneille nous donne un Œdipe qui, comme Pertharite huit ans plus tôt, pivote sur la scène V de l'acte IV. Dans les deux cas, toute la pièce est faite pour ce dialogue d'un couple au fond du puits. Il n'y a pas d'autre fatalité que les circonstances, mais elles font découvrir à deux êtres la terrible dimension de leur amour.
Tout différent, Sertorius est dominé par l'entrevue des deux chefs ennemis. Ils s'admirent l'un l'autre sans rien se concéder qu'utilement. Jamais on ne nous a si bien montré ce que pourrait être la grande politique.
Othon, au contraire, nous fait prendre conscience de la réalité de la vie sociale. Chacun y est condamné à l'ambition,
sous peine de mort. Mais personne ne peut arriver à rien sans l'aide d'autrui. Or chacun de nos alliés est un rival, et nous passons notre vie à nous garantir contre un associé par un autre non moins dangereux.
On ne peut s'empêcher de comparer Tite et Bérénice à la Bérénice de Racine. Dans Racine, dont le talent est tout d'exécution, comme dirait Bonaparte, les rencontres des personnages ne servent qu'à déployer la fluctuation des sentiments. Mais dans Corneille on voit agir deux hommes et deux
femmes, et on comprend alors ce qui fait la singularité de tout Corneille : les personnes n'y existent que les unes par les autres. Ce qu'elles disent et ce qu'elles font s'adresse toujours attentivement à quelqu'un, tandis que chez Racine les passions dévorent des personnages qui ne se heurtent entre eux qu'en aveugles.
Corneille saura encore nous surprendre quand, avec Suréna, il tirera de sa langue restée nerveuse un chant d'une mélancolie unique en français. Ce duo d'un amour impossible est d'autant plus émouvant que les amants restent lucides et maîtres de soi.
Ce n'est là nommer que quelques sommets des vingt dernières années de Corneille, dont on va trouver ici, dans leur diversité, d'autres pièces encore et des poèmes, des discours, des lettres, des traductions, des prises de position, bref tout ce qu'on a de cet homme secret. Mais les sommets que je dis sont peut-être les plus étonnants d'une œuvre pourtant assez invulnérable pour être encore, en partie, future, contrairement à ceux de nos chefs-d'œuvre qui, même parmi les plus
modernes, sont déjà épuisés.»
Jean Grosjean.