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Jean-Paul Sartre

Les Mots et autres écrits autobiographiques

Édition publiée sous la direction de Jean-François Louette avec la collaboration de Gilles Philippe et Juliette Simont

Parution le 25 Mars 2010
Bibliothèque de la Pléiade, n° 560
Achevé d'imprimer le 01 Mars 2010
1744 pages, rel. Peau, 104 x 169 mm

75.00 € Acheter le livre

ISBN : 9782070114146
Code distributeur : A11414
GENCOD : 9782070114146

Ce volume contient

Les Mots. Écrits autobiographiques (1939-1963) : Carnets de la drôle de guerre (1939-1940) - Autour des «Carnets de la drôle de guerre» - La Reine Albemarle ou Le dernier touriste - Autour de «La Reine Albemarle» - [Retour sur les «Carnets de la drôle de guerre»:] - Cahier Lutèce - Relecture du Carnet I - «L'apprentissage de la vérité» - Jean sans terre - Paul Nizan - Merleau-Ponty - [Vers «Les Mots» : notes et esquisses 1953-1963]. Appendices : Lettre à Simone Jollivet (1926) - Notes sur la prise de mescaline - Lettre à Simone de Beauvoir - Apprendre la modestie - Sartre parle des «Mots» - «J'écris pour dire que je n'écris plus».

Chez Sartre, l'écriture «personnelle» est longtemps restée souterraine. Héritage social ou familial? «J'appartiens à une période où la littérature personnelle était peu estimée, du moins par les lecteurs bourgeois et petits-bourgeois dont étaient mon grand-père et les gens qui m'entouraient.» Ou volonté, propre à l'écrivain engagé, d'écrire pour son époque plutôt que pour soi? Les Mots est le seul livre publié du vivant de Sartre qui relève de l'autobiographie, et encore son appartenance au genre a-t-elle été discutée : les catégories sont toujours trop étroites pour les grands textes. En 1964, lors de sa sortie, on y voit évidemment un récit d'enfance (une enfance à laquelle «Poulou» «n'a rien compris», selon la mère de l'intéressé) et un splendide adieu à la littérature, mais on parle aussi d'un essai, d'un pamphlet, d'un livre de moraliste, d'une analyse critique ou philosophique. Une «espèce de roman», ajoutera Sartre, plus tard. Les Mots, à vrai dire, est sui generis. C'est un chef-d'œuvre, peut-être le chef-d'œuvre de l'autobiographie au XXe siècle, et son auteur ne lui donnera jamais de suite. Ce sont des publications posthumes qui viendront révéler l'importance qu'eut pour lui l'écriture autobiographique et la diversité des formes qu'a prises sous sa plume cette veine longtemps réservée aux proches : des carnets de guerre qui sont comme le laboratoire de l'œuvre à venir, des lettres en forme d'autoportrait, le journal d'un voyage en Italie, des notes prises dans les années 1950 à la relecture des carnets de guerre, les différentes versions et esquisse qui, composées de 1953 à 1963, aboutirent aux Mots de 1964, les textes brefs demeurés épars et ici publiés pour la première fois, sans oublier ces autoportraits partiels, obliques que sont les lumineux «tombeaux» écrits pour les amis, Merleau-Ponty, Paul Nizan. Oblicité : le mot définirait assez bien l'œuvre autobiographique de Sartre. C'est évident à la lecture des portraits de Nizan et de Merleau-Ponty. Ce n'est pas moins clair dans Les Mots, où l'ironie autorise un jeu complexe entre l'enfant dont il est question et l'adulte qui parle et observe : «Je tiens mon passé à distance respectueuse.» Les écrits autobiographiques dont ce volume met au jour la trajectoire secrète ne sont donc pas des écrits pour soi. Se peindre, très bien, mais pour se séparer de soi.

L'enfant Sartre

Philippe Sollers, Le Nouvel Observateur (22 avril 2010)

« Extrême liberté de Sartre dans tous les sens, même contradictoires. Il manque donc singulièrement à ce pays aplati.
D'où l'importance de ce volume autobiographique où, en plus des « Mots », on retrouve les «Carnets de la drôle de guerre» et le projet abandonné d'un gros livre sur l'Italie (l'incroyable névrose de Sartre à Venise). Tout est vivant, rapide, en reconstruction permanente, l'encre n'a pas le temps de sécher, chapitre suivant, ça roule. Vous n'aimez pas Sartre ? Vous préférez des esprits plus "poétiques" ou plus lents ? Pourquoi pas, problème d'allure. Sartre tourne, il se met sans cesse en cause, on peut être en désaccord avec lui, aucune importance, il écrit sec et précis, pense contre lui-même, se mitraille de tous les côtés, se démonte et se remonte comme une vieille horloge, dévoile ce qu'il appelle son "imposture" enfantine puis littéraire ».

Sartre, la vocation d'exister

F. Saenen, Le Magazine des livres (mai-juin 2010)

« Chaque "Pléiade" marquant un jalon dans la redécouverte d'un auteur, voici désormais que s'éclaire un pan méconnu du personnage, avec la publication de ses textes à résonance autobiographique. Sartre, au-delà de ses multiples attributs, serait-il de surcroît l'"écrivain de l'intime" par excellence ? L'affaire est loin d'être entendue, car ces quelque mille pages, si elles trahissent un regard sur soi sans complaisance, n'ont pas été rédigées dans le but de jeter en pâture au public des vérités délicates ou honteuses. Elles font partie intégrante de l'expérience scripturale de Sartre, de la quête qui anime cet ennemi viscéral de la "mauvaise foi" ».

Jean-Paul Sartre par Jean-Paul Sartre

Jean-Louis Jeannelle, Le Monde des Livres (2 juillet 2010)

« Tel est le pari de cette édition : donner à un ensemble hétérogène de textes l'unité d'une œuvre littéraire capable de renouveler, plus que ne le laissait jusqu'ici penser la splendeur isolée des Mots, les différents modèles d'écritures à la première personne ».

Jean-Paul Sartre contre la littérature

Philippe Forest, Artpress (juin 2010)

« Si ce livre est un chef-d'œuvre, et en un sens il l'est, c'est en ceci qu'il règle son compte à l'idée même de chef-d'œuvre. Et s'il porte à son paroxysme le genre de l'autobiographie, c'est le cas, il le pulvérise du même geste. Placer ce livre aux côtés des autres revient ainsi à mettre un certain bordel dans la bibliothèque. Même si, bien sûr, on peut toujours faire semblant de ne pas s'en apercevoir ».