La Pléaide

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Marcel Proust à Gaston Gallimard Une lettre inédite, décembre 1918

La lettre de la Pléiade n° 71
novembre 2022

Cette lettre jusqu’alors inconnue de Marcel Proust à Gaston Gallimard a été retrouvée à l’occasion de l’organisation de l’exposition Marcel Proust. La Fabrique de l’œuvre, actuellement présentée à la Bibliothèque nationale de France. Elle figurait dans les archives de Jean Paulhan, conservées à l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine), de même que six autres lettres inédites de Marcel Proust à Jacques Rivière, directeur de La NRF. Datable avec certitude du mois de décembre 1918, elle vient s’intercaler entre la lettre 85 et 86 de la Correspondance échangée entre Gaston Gallimard et Marcel Proust, publiée par Pascal Fouché (Gallimard, 1989).

     Depuis plusieurs mois, Marcel Proust prépare la parution simultanée à la NRF de À l’ombre des jeunes filles en fleurs (volume achevé d’imprimer le 30 novembre 1918, mais mis en réserve), de ses Pastiches et mélanges et de la réimpression de Du côté de chez Swann, paru avant-guerre chez Grasset. L’écrivain a déjà remis le manuscrit du Côté de Guermantes, dont il attend des nouvelles de la composition typographique. Aussitôt après avoir signé en juin 1918 un contrat historique avec l’auteur d’À la Recherche du temps perdu (« une des affaires les plus importantes de la Nouvelle Revue française » (Gaston Gallimard à Valentine Tessier, 26 juin 1918), à l’issue d’un dîner ô combien mémorable au Ritz, Gaston Gallimard est reparti à New York pour y retrouver la troupe du Théâtre du Vieux-Colombier et sa maîtresse Valentine Tessier. L’éditeur aura toutefois pris soin de confier à sa collaboratrice Berthe Lemarié, parmi bien d’autres tâches, le suivi de la composition et de l’impression des livres de Marcel Proust. Mais Marcel Proust n’est pas satisfait du travail accompli ; il trouve à se plaindre de l’incompétence et d’une certaine insincérité de son interlocutrice, pourtant très attachée à satisfaire cet écrivain pointilleux et pleinement concentré sur son œuvre. Marcel Proust ne cache pas à son éditeur que, malgré les circonstances de la Guerre, ce long séjour aux États-Unis n’est pas de son goût et laisse planer un doute sur la suite de leur collaboration, s’interrogeant même sur la réputation et l’avenir de la maison d’édition à laquelle il a pourtant donné sa préférence… Et voilà Proust tel qu’en lui-même, ou plutôt tel que l’art épistolaire le révèle, tantôt vétilleux et bien retors, tantôt affectueux, mesuré et plutôt bien renseigné, cherchant ses vérités, en toutes choses, non à l’horizon de ses pensées mais bien dans le soin scrupuleux avec lequel il s’emploie à les développer.

     Cette lettre exceptionnelle répond à une missive américaine de Gaston Gallimard, hélas non retrouvée, et dont on devine qu’elle devait être aussi de belle teneur. L’éditeur sera revenu de New York lorsque sortiront des presses Pastiches et mélanges (25 mars 1919) et la réimpression de Du côté de chez Swann (14 juin 1919), de sorte que les trois ouvrages de l’écrivain pourront paraître avant l’été en librairie… Le chemin de la Recherche est rouvert, après la longue parenthèse de la
Guerre ; il mènera l’écrivain et son éditeur au prix Goncourt.

     La lettre qui suit relève moins de l’histoire que de la préhistoire de la Pléiade. Elle n’en constitue pas moins un précieux complément d’information pour les lecteurs des Essais de Proust parus au printemps dernier et dans lesquels sont
évoquées la préparation des Pastiches et mélanges de 1919 et l’extraordinaire énergie déployée par Proust au moment où Gaston Gallimard accueille son œuvre à la NRF.

[décembre 1918]
      PS – Lettre indispensable à lire jusqu’à la fin, la fin concernant non pas moi mais les absurdes bruits qui courent sur la fermeture de la NRF, absurdes mais que vous avez intérêt à connaître.
      Tendresses,

      Cher ami,

En recevant votre adorable lettre, comme je regrette la mienne partie hier ! Ce que vous me dites de l’impression d’amitié que je vous ai fait éprouver dans un monde desséchant (où Guiche lui-même, moins sensible que vous m’avait dit que l’atmosphère était irrespirable) m’a ému jusqu’aux larmes. J’ai regretté en vous disant les caractères trop fins de Swann de ne vous avoir pas remercié de leur beauté. Elle est si grande qu’elle produit le miracle de les rendre lisibles. J’aime tout de même mieux pour le premier Swann, et pour les suivants (car pour l’Ombre des jeunes filles en fleurs nous ne pouvons pas recommencer, naturellement) des caractères plus gros, fussent-ils moins beaux, et dussent la justification et l’épaisseur du papier y être un peu sacrifiées. Mais enfin À l’ombre des jeunes filles en fleurs n’est pas, paraît-il (je ne peux juger par mes yeux) l’indéchiffrable grimoire que je croyais. J’ai prêté mon exemplaire à un ami, tout jeune il est vrai et pourvu de bons yeux, et il a lu tout, les quatre cents pages, sans fatigue. J’avoue que je serai un jour curieux de savoir si la Semeuse s’est amusée à ajouter des fautes au moment d’imprimer ou si ce sont des étourderies de moi, dues à ne pas avoir eu de secondes épreuves ! Mais je doute que j’aie écrit un tableau « silencieux » pour un tableau « licencieux » et mes lecteurs s’étonneront de sorte que l’artiste qui a peint ce tableau ait le scrupule de le voiler, s’il n’est que silencieux ! Mon cher ami, je vais aborder très franchement avec vous le point sentimental dont vous me parlez. Il est d’autant plus délicat qu’il vise une personne pour laquelle nous avons d’ailleurs tous les deux les mêmes sentiments, à un degré différent bien entendu puisque elle est votre plus grande amie, et que je la connais à peine, ce qui n’empêche pas ma reconnaissante sympathie et mon attachement pour elle. Vous me dites que vous voulez que je me sente chez moi à la NRF et certes je n’en demande pas tant. Mais j’ai l’impression exactement contraire et cela n’est pas pourtant sans me causer des tristesses qu’un homme mobile, actif secouerait, précisément parce que souvent il pourrait se rendre compte que leur point de départ est faux, mais qui, isolé comme je vis, sans possibilité de contrôle, rendent mon travail, (ou plutôt l’attente du travail, puisque je n’ai toujours pas la matière de mon travail), assez mélancolique. Madame Lemarié est délicieuse, je suis confus de la peine qu’elle prend de se déranger pour moi. Je ne peux vous dire toutes ses bontés. Mais j’attribue à sa façon de concevoir le culte dû au Dieu Gaston, (culte que je crois exercer aussi diligemment), ce qui d’une autre me sembleraient des cachotteries attristantes et en fin de compte nuisibles. J’ai grand scrupule à reproduire une conversation parce que au moment où je l’entendais et je prenais part, j’étais à cent lieues de savoir la réalité, et que n’y attachant alors aucune importance, je crains rétrospectivement de mal me rappeler. Pourtant ceci est à peine vieux de huit jours. Mme Lemarié était venue me voir, je lui dis dans une phrase incidente que je trouvais Grasset peu gentil de répondre quand on lui demandait des Swann qu’il n’y en avait plus, au lieu d’indiquer la NRF comme étant l’éditeur qui avait racheté les exemplaires. J’étais tellement persuadé, au moment où je racontais cela à Madame Lemarié, que la NRF avait encore une grande partie des exemplaires de Swann que je n’ai pas fait à la réponse l’attention qu’on prête dans un interrogatoire. Mais enfin elle m’a répondu à peu près que bientôt les exemplaires s’épuiseraient, qu’alors on ferait une nouvelle édition, que d’ici-là il se vendrait plus d’exemplaires que je ne croyais (car je craignais que vous ne puissiez les écouler tous). Aussi quand le même soir Beaumont et d’autres m’ont dit qu’ils avaient plusieurs fois demandé Swann à la NRF, et qu’on leur avait répondu que c’était épuisé, qu’il n’en restait pas un seul exemplaire, j’ai cru qu’il y avait eu seulement négligence de la NRF à ne pas vendre des exemplaires qu’elle avait. J’ai parlé de cela à Madame Lemarié et alors j’ai appris la vérité qui m’avait été cachée, à savoir que Swann était entièrement épuisé, qu’il n’en restait pas un seul exemplaire. Cet épuisement total des Swann est-il ancien ou récent, je ne sais, en tous cas il est antérieur à ma conversation avec Madame Lemarié où elle m’avait dit que cela s’écoulerait plus vite que je ne croyais. Il me semble donc que dans ce cas, j’ai été un plus mal traité qu’un auteur qu’on se contenterait de ne pas informer de la vérité en ce qui concerne ses livres. Je n’en ai pas parlé à Madame Lemarié, je lui ai dit incidemment que quelque chose me faisait de la peine, que je préférais adoucir en le lui disant de vive voix. La même chose s’est reproduite plusieurs fois, notamment deux fois en ce qui concerne Pastiches et mélanges. La deuxième fois est insignifiante mais dans son insignifiance même, tourmente un peu, quoi que moins que le reste. Madame Lemarié avait choisi pour Pastiches et mélanges des caractères que je trouvais un peu gros, mais je m’étais entièrement incliné quand j’ai vu la finesse (d’ailleurs ravissante, qui m’a désolé premier jour mais que ceux de mes amis admis à parcourir À l’ombre des jeunes filles en fleurs louent tellement que je pense qu’ils ont raison) j’ai insinué à Mme Lemarié que pour deux volumes qui paraitraient le même jour le contraste serait peut-être bien grand et qu’il y aurait avantage, puisque par suite d’incidents que je déplore et critique, Pastiches et mélanges n’étaient pas commencés, il y aurait avantage à prendre des caractères moins gros. (Je commence par vous dire que de ce point je n’ai nullement insisté et que j’ai immédiatement dit à Madame Lemarié de s’en tenir aux gros caractères qu’elle avait choisis). Elle a donc toute satisfaction puisque je garde À l’ombre des jeunes filles en fleurs tel que c’est, en fin, de Pastiches, tel que ce sera en gros. Mais dans le premier moment elle a donné comme argument qu’il y avait déjà 150 pages (ou plutôt je crois 250) de Pastiches de tirées et que ce serait tout à recommencer. Étonnement de ma part et je dis à Mme Lemarié : « Puisque il y a 250 pages de tirées, pourquoi n’ai-je pas reçu encore une seule page d’épreuves ? ». Or en réalité je n’avais pas reçu une seule page d’épreuves parce qu’il n’y avait rien de tiré du tout. Je suis désolé d’avoir l’air d’un auteur pointilleux (et c’est sans doute cela qui me fait traiter comme un enfant qu’on gâte mais à qui on cache la vérité) et je suis navré quand Madame Lemarié me dit qu’il y a pour dix mille francs de marchandise que la NRF pourrait vendre si je laissais paraître À l’ombre des jeunes filles en fleurs, sans attendre Pastiches et le premier Swann et que vos bénéfices en sont retardés. Mais je n’ai pas dit que les miens l’étaient d’avantage encore et que d’ailleurs nos intérêts en tout ceci sont les mêmes. En ce qui concerne Pastiches il a toujours été convenu qu’ils paraitraient en même temps que À l’ombre des jeunes filles en fleurs, et de plus comme au dos de la couverture de ce livre (À l’ombre des jeunes filles) il y a : Vient de paraître : Pastiches et mélanges, ce serait une mauvaise combinaison que celle qui aurait pour effet qu’on demandât en vain un livre dont il est dit qu’il « vient de paraître ». Je suis plus pressé que personne que mes livres paraissent, je vous assure, mais il ne faut pas que cette hâte fasse faire des folies. Ne croyez-pas que je sois moins nrfiste dans l’âme, je vous ai dit dans ma dernière lettre (pas celle à laquelle vous répondez, une autre qui malheureusement n’a pas été je crois recommandée, mais je pense que vous l’avez eue tout de même) que j’étais sourd aux plus captieux appels de la Sirène de Cocteau qui publie en ce moment de très jolis livres. Et pour les Pastiches à combien d’éditeurs ne les avais-je refusés ! D’autre part je suis navré d’avoir l’air de formuler des griefs contre Madame Lemarié à qui je dois au contraire une grande reconnaissance. Mais abandonné par Mlle Rallet qui a émigré je ne sais où, n’osant pas sans vous en référer prendre l’ombre d’une décision, trouvant bien difficile de vous en référer à distance, jugeant que suis avant tout la personne à ne pas consulter, elle est un peu affolée, d’où les malentendus qui n’altèrent en rien ma respectueuse gratitude pour elle mais qui évidement ne créent pas l’impression que vous dites de « me sentir chez moi à la NRF ». Cela je ne peux pas le dire. Cher ami vous me demandez un Swann et Madame Lemarié en est ravie car elle ne voulait pas choisir des caractères elle-même, et l’imprimeur américain tranche tout. Je vous envoie donc un Swann où un ami à moi avait autrefois corrigé quelques grosses fautes d’impression (pas toutes !), corrections dont naturellement vous tiendrez compte. Seulement comme cet ami ne connaissait rien à la manière d’indiquer les corrections, elles peuvent paraître obscures (je suis convaincu que non). En tous cas si par hasard en certains cas il y avait doute, il n’y aurait dans ces cas-là qu’à s’en tenir au texte ancien qui même fautif, a plu. Ainsi par exemple page 400 il y a un trait dont je ne comprends pas le sens. Il n’en faut tenir aucun compte, car s’il rayait les lignes sur lesquelles il passe par je ne sais quelle fantaisie, ce serait désastreux. De même j’avais sur cet exemplaire, noté pour moi-même quelques corrections (hélas les moins importantes). Si elles sont illisibles, il vaut mieux ne pas en tenir compte. En revanche deux corrections indiquées ne peuvent être omises. Ce sont celles qui remplacent le nom Chartres (mis au courant de la plume quand j’écrivais et que j’avais oublié d’effacer sur les épreuves) une fois par Laon, une autre fois par Reims. À la rigueur on pourrait ne pas mettre de nom de ville du tout (mais la phrase serait moins claire) mais Chartres situe Combray qui est dit dans le voisinage beaucoup trop dans le sud et cela gênerait infiniment pour les derniers volumes. Cher ami je ne sais si je vous redis tout le temps la même chose car je m’y suis repris à tant de fois pour écrire cette lettre que je ne sais plus du tout ce que j’ai dit au commencement, si en revanche je sais très bien ce que je pensais. Du moins je vous écris paisiblement puisque je n’ai pas d’épreuves à corriger, n’en ayant pas encore reçu une seule de Pastiches et mélanges, et les six petits feuillets que j’avais corrigés du Côté de Guermantes ne valant plus rien, puisque nous prendrons des caractères plus gros. À cet égard je voudrais que vous vous hâtiez. Surtout ne faites pas venir en Amérique mon manuscrit du Côté de Guermantes qui est à la Semeuse, ou il pourrait se perdre. J’aimerais encore mieux garder pour ce volume-là des caractères aussi fins que pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs, plutôt que de risquer le voyage du manuscrit en Amérique ce que je ne veux à aucun prix. Mais il me semble qu’il peut y avoir un moyen terme et que vous pouvez charger un du Bos, un Rivière ou un autre, de choisir des caractères, mais vite. Puisque la Semeuse depuis six mois n’a rien commencé, et que Mme Lemarié a arrêté après les six premières pages, cela ne retardera pas beaucoup. J’aurais un surmenage terrible à corriger quatre volumes à la fois (dont deux sont très à remanier). Mais avant tout il faut aboutir. Si vous voyez l’impossibilité de charger Rivière ou du Bos (ou tels autres car je choisis ces noms au hasard) de cela, et puisque Mme Lemarié dit qu’elle est incompétente, je me résigne à ce que vous fassiez faire le Côté de Guermantes aussi fin que À l’ombre des jeunes filles en fleurs. Cher ami j’ai encore mille choses à vous dire mais je suis trop fatigué. Il serait fou que vous revinssiez pour moi, j’entends pour mes livres. (Car pour moi les nouvelles choses dont je vous ai parlé dans mon existence ne me permettraient de vous voir que assez rarement). Mais voulez-vous me permettre de me mêler de ce qui ne me regarde pas et de vous dire une impression (dont vous ne tiendrez que le compte que vous jugerez bon) ? En vous écrivant cette lettre, je trouvais insensé (et ne supposais d’ailleurs pas un instant que vous le disiez sérieusement) que vous revinssiez pour moi. Mais cette lettre plus que finie je suis allé tout à l’heure à une petite fête chez la Princesse Murat, fête où il y avait des artistes surtout. Comme on parlait de la Sirène et que quelqu’un parlait de la NRF des gens ignorants ou ennemis ont répondu : « Mais la NRF n’existe plus. Gallimard a renoncé à la maison d’édition. Il a préféré la carrière de directeur de théâtre en Amérique. Il n’y a plus à la NRF qu’une dame qui vient quelquefois une heure à la NRF a pour mission d’écouler pour quelques semaines encore ce qui peut rester en magasin ». Heureusement que j’ai entendu, et je n’ai pas besoin de vous dire avec quelle violence je me suis élevé contre ces absurdités. Mais cependant malgré la rage, qu’au moment cela m’a donnée, j’ai été content d’avoir, par miracle, été là. J’ai pensé en rentrant : « J’ai tort, même en le faisant dans le sens altruiste, de me placer à mon point de vue et de conseiller à Gallimard de rester en Amérique. S’il n’y a vraiment que Madame Lemarié à la NRF (ce que j’ignore, je n’y suis jamais allé), on n’aura pas l’impression que “cela continue” ». (Par cela j’entends la NRF, nullement Swann). Ceci dit sans porter atteinte à l’admirable bonne volonté de Madame Lemarié. Cher ami je suis trop fatigué je vous quitte, je ne sais si vous appréciez mon idée d’exemplaires de luxe variés pour chaque livre (même pour le premier Swann je pourrais faire faire par exemple un portrait de moi par Sert). Il faudrait qu’ils fussent très chers et compensent un peu tous mes déboires. J’enrage en pensant que mes ruses d’apache pour retarder indéfiniment mon imbécile préface au charmant livre de Blanche sur Fantin-Latour etc., sont à bout et qu’elle va paraître avant mon œuvre ! Quel désastre. Quant au feuilleton je n’ose tout de même plus maintenant le donner car je pense qu’en un mois vous aurez fait tirer le premier Swann (ne demandez pas d’épreuves naturellement) et dès que j’aurai celles de Pastiches sans en demander des secondes je donnerai le bon à tirer, de sorte que dans un mois on peut mettre en vente le premier Swann, Pastiches et À l’ombre des jeunes filles en fleurs qui lui est entièrement prêt. Mais il faut prendre des mesures énergiques pour les trois suivants. Votre lettre m’a fait vous aimer plus encore.De coeur à vous.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 Marcel Proust

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