La Pléaide

1982

Le Grand Prix national des Lettres, décerné par le ministère de la Culture, est attribué à Nathalie Sarraute. Et Gallimard publie ce qui deviendra la pièce la plus célèbre de Sarraute — sa dernière pièce : Pour un oui ou pour un non.

L'édition originale forme un mince volume, presque une plaquette — soixante pages seulement, mais elle contient « la substance même du théâtre, et ce pour quoi il est irremplaçable » (Pierre Marcabru, Le Figaro).

La pièce, alors, n'a jamais été représentée sur scène. Elle a été enregistrée par Radio France dans une réalisation de René Farabet, et a été diffusée le 13 décembre 1981. La distribution comprenait Laurent Terzieff et Jean-Claude Jay (H.1 et H.2), et, dans le rôle des voisins (H.3 et F), Danielle Girard et Jean Leuvrais.

« La substance même du théâtre » : action concentrée comme jamais auparavant ; monde rétréci à l'espace d'une scène qui a tout d'une arène, et d'où l'on ne pourrait sortir qu'à condition d'avoir tué l'autre. Deux protagonistes : deux incarnations d'un même ego. L'implosion menace : « C'est un combat sans merci. Une lutte à mort. Oui, pour la survie. Il n'y a pas le choix. C'est toi ou moi. »

C'est seulement en 1985 que Pour un oui ou pour un non sera créé — en anglais, sous le titre For no Good Reason — au Manhattan Theatre Club de New York. La mise en scène est de Simone Benmussa.

Le texte français sera représenté pour la première fois, mis en scène par la même Simone Benmussa, le 17 février 1986 dans la petite salle du théâtre du Rond-Point. Jean-François Balmer et Sami Frey seront H.1 et H.2 ; Dominique Ehlinger et Christiane Desbois, H.3 et F. Dès le début de mars, Jean-François Balmer et Sami Frey inverseront leurs rôles : jusqu'au 30 mars, ils joueront alternativement H.1 et H.2, un soir sur deux.

La critique soulignera d'emblée l'intérêt et l'importance de Pour un oui ou pour un non, et du théâtre de Nathalie Sarraute dans son ensemble : « À côté d'elle, les autres écrivains sont sourds. […] Chaque parole, si passagère soit-elle, elle en fait un drame. […] Et comme le spectateur rit presque à chaque réplique, il a le bonheur d'atteindre les sommets sans souffrir : c'est la béatitude entière » (M. Cournot, Le Monde).

Pour un oui ou pour un non sera repris du 4 novembre 1986 au 8 janvier suivant, avant de partir en tournée pour Londres et Lyon. Son succès, en France comme à l'étranger, ne se démentira pas. En 1988, Jacques Doillon en tirera pour la télévision un film de cinquante-huit minutes, souvent diffusé depuis, avec, dans les rôles de H.1 et H.2, Jean-Louis Trintignant et André Dussolier.

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