La Pléaide

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L'histoire de la Pléiade

Anthologie des auteurs parlant de la Pléiade (1/2)

La lettre de la Pléiade n° 9
Juillet-août-septembre 2001

Vous avez été très nombreux à souhaiter contribuer à notre projet de recension des textes d'écrivains évoquant La Bibliothèque de la Pléiade ; ce qui confirme — mais en doutions-nous ? — que vous êtes des lecteurs attentifs et scrupuleux. Voici un premier florilège d'extraits — d'autres suivront — qui, ici rassemblés, donnent une bonne idée de la diversité des approches possibles : objet de création littéraire, de souvenirs de lectures ou de citations distanciées... La Pléiade nous apparaît ici autant dans son histoire que dans sa passionnante vitalité.

> « Vous, jeune homme de Douai ou de Confolens, vous avez vu ces hommes ; vous les connaissez mieux que moi : devant la bibliothèque descendant de moto, ôtant votre walkman, pénétrant sous les voûtes fraîches et fièrement vous campant dans la salle aride où les référents dorment, vous avez demandé au planton de service en blouse grise, l'assis, la petite iconographie canonique ; toisant de haut l'assis, remettant en place votre petite mèche sur le front, et peut-être alors sentant à vos épaules le blouson de motard craquer sous la poussée des ailes, vous avez demandé non pas les oeuvres de Banville, de Nouveau, de Verlaine, mais : l'album Rimbaud en Pléiade. Car le sens qui tourbillonne et s'en va dans les Illuminations, vous avez pensé avec quelque raison que vous le retrouveriez là, dans les très simples portraits d'hommes qui vécurent. »
Rimbaud le fils de Pierre Michon, Gallimard, 1991 (« L'Un et l'autre »), p. 106.
Adressé par M. Jean-Marie de Persac (La Treille)

> « — Ah ! dis-je.
Ernest Hemingway (1)
(1) Cette phrase, si merveilleuse de concision, a été extraite de Paris est une Fête (p. 840, édition de La
Pléiade). »

Remets ton Slip, gondolier ! de Frédéric Dard (San-Antonio, n° 64, Éditions Fleuve Noir, 1977).
Adressé par M. Guilhem Boulay (Bordeaux)

> « Alors qu'il était arrivé au faîte de sa carrière universitaire — une chaire de littérature anglaise en Sorbonne —, mon père se lia d'amitié avec un homme délicieux : le philosophe Brice Parain, normalien lui aussi, qui s'occupait alors chez Gallimard, avec Raymond Queneau, de la collection de La Pléiade Brice Parain, comme nous après la guerre, habitait Sceaux. Mon père et lui se rencontraient qui connaissait la réputation swiftienne de mon père et qui avait même sans doute lu sa thèse, le persuada bientôt de se charger de l'édition des oeuvres complètes de Swift dans "La Pléiade". Rien de moins ! Il parvint même à lui faire signer un contrat en bonne et due forme avec les Éditions Gallimard. Quel honneur ! Quel honneur ! Ah ! monsieur le directeur ! Tout était prévu sauf, heureusement, la date de remise du manuscrit définitif et complet, dactylographié en deux exemplaires. »

Souvenirs littéraires de Maurice Pons, Éditions du Rocher, 2000. Adressé par Marie-Noëlle Fabre (Versailles)
Anthologie des auteurs parlant de la Pléiade (I) / La Lettre de la Pléiade n° 9

> « Ce jour-là, nous l'attendions, Jean Vilar le visage plongé dans son exemplaire de La Pléiade, et moi prétendant feuilleter mon Larousse collection classique [...] Et Gérard est arrivé tout riant [...] et se glissant à sa place, son livre ouvert à la bonne page (une édition de Garnier, je crois. Cela faisait trois éditions, ce qui plus tard provoqua des "salades" à n'en plus finir). »
Citation de Geneviève Page, extraite de Gérard Philipe d'Anne Philipe et Claude Roy, Gallimard,
1960, p. 388.
Adressé par M. Jean-Jacques Bertrand (Neuilly-sur-Seine)

> « Dans la librairie de Martinus Nijhoff, sur l'avenue ombragée du Lange Voorhout, où je fouinais et furetais souvent, je trouvai peu après une édition des oeuvres de Baudelaire qui venait de paraître. C'était le premier titre d'une nouvelle collection reliée en cuir, d'une belle typographie sur papier bible : celle de La Pléiade, bien sûr.
Pour l'acquérir et l'offrir à Jean-Marie, en signe de reconnaissance et de complicité [...] je dus compléter les sommes économisées sur mon argent de poche en subtilisant quelques pièces d'argent dans la coiffeuse de ma belle-mère. »

Adieu, vive clarté... de Jorge Semprun, Gallimard, 1998, p. 54.
Adressé par M. José Gasquez (Courbevoie)

> « Il faut espérer qu'il y a toujours des personnes pour lire, sinon du grec et du latin, du moins les grands
textes. On pouvait rêver de textes intégraux, exactement établis, en volumes de papier bible, reliés pleine
peau souple, aisés à glisser dans la poche. Ces volumes, à l'élégance faite de netteté dans la densité, ce
sont ceux de la Bibliothèque de la Pléiade. À qui ne l'aurait, ils communiqueraient le goût de ce qui vaut.
Ont déjà paru une soixantaine de bouquins, de Rabelais à Balzac, de Cervantès à Edgar Poe, de
Montaigne au Mémorial. Le Corneille est complet en deux tomes, — de plus d'un millier de pages chacun,
mais si lisibles, et pas plus épais qu'un ordinaire roman. Quelle réussite technique, et les belles
découvertes à faire là. Heureux ceux qui recevront en étrennes ces livres et qui les ouvriront au pied d'un
chêne, par les longues après-midi d'été, dans les collines. Ou simplement les soirs, en ville, pour sortir de
tout le fracas de la circulation, de la radio, du téléphone. Pour retrouver ce qu'on a nommé l'or spirituel du
monde. »

La Porte du verger d'Henri Pourrat, 1938, p. 70.
Adressé par M. Pierre Pupier (Senan)

> « Cette collection de la Pléiade est un chef-d'oeuvre. Je vais faire des économies pour me la procurer.
Lisible, pratique, savante sans pédanterie, c'est un des motifs d'orgueil les plus légitimes de l'édition
française. »

Mines de rien de Robert Desnos, Le Temps qu'il fait, 1985, p. 108.

> « Giono ne me prêtera jamais Balzac. Il ne l'avait que dans La Pléiade qui commençait ses publications
depuis quelques années déjà. Il devait avoir peur soit que je ne lui abîme les volumes, soit que je ne les lui
rende jamais. (Et Dieu sait pourtant la joie qu'il m'aurait procurée en me permettant de seulement toucher
l'un de ces volumes !) »

Pour saluer Giono de Pierre Magnan, Gallimard, p. 90 (« Folio »).
Adressé par M. Jean-Pierre Reynier (Rouen)

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