La Pléaide

  • La Pléiade /
  • Catalogue /
  • Bibliothèque de la Pléiade /
  • Gustave Flaubert, Œuvres complètes
Ajouter à ma sélection Ajouter à ma bibliotèque

Gustave Flaubert

Œuvres complètes

Nouvelle édition Tome II
1845-1851
Édition publiée sous la direction de Claudine Gothot-Mersch. Avec la collaboration de Stéphanie Dord-Crouslé, Yvan Leclerc, Guy Sagnes et Gisèle Séginger

Parution le 8 Novembre 2013
Bibliothèque de la Pléiade, n° 36
Achevé d'imprimer le 02 Octobre 2013
1680 pages, rel. Peau, 104 x 169 mm

75.00 € Acheter le livre

ISBN : 9782070116157
Code distributeur : A11615
GENCOD : 9782070116157

Ce volume contient

Par les champs et par les grèves. Appendices : [Carnets de Bretagne] - Des pierres de Carnac et de l'archéologie celtique. La Tentation de saint Antoine (version de 1849). Appendices : Les Trois Grands Scénarios de «La Tentation de saint Antoine». Voyage en Orient. Appendices : Listes des bagages - Scénario du début du «Voyage en Orient» - Notes concernant l'Égypte (extraits) - [Chant de la courtisane] - Ébauche de fiction poétique - Deux anecdotes - Louis Bouilhet, «Kuchiuk-Hanem, souvenir». L'Atelier de Flaubert : Les Sept Fils du derviche, conte oriental - Ébauches et scénarios de théâtre - Scénarios de récits.

Le premier volume des Œuvres complètes était intitulé Œuvres de jeunesse, mais la jeunesse, quand s'achève-t-elle ? Certains événements de la vie de Flaubert peuvent servir de bornes, si l’on y tient : une crise d’épilepsie en 1844, la découverte de la Tentation de saint Antoine de Bruegel en 1845, en 1846 les morts du père et de la sœur, ou la rencontre de Louise Colet. Mais là n’est pas l’essentiel. La jeunesse littéraire s’achève quand disparaît l’allégresse d’écrire. Flaubert entre alors dans la «grande étude du style».
Par les champs et par les grèves : « la première chose que j’aie écrite péniblement ». Suit une parenthèse anxieuse : « (je ne sais où cette difficulté de trouver le mot s’arrêtera) ». Nous savons, nous, qu’elle ne s’arrêtera pas. Par les champs est un carrefour. La jeunesse y aboutit, l’art s’y déclare. Bientôt, il faudra faire de chaque phrase une œuvre en soi. Flaubert racontant ses voyages, en Bretagne ou en Orient, peut bien lorgner ici ou là du côté de Chateaubriand : sa vision est personnelle. Être un œil, « regarder sans songer à aucun livre », puis, péniblement, faire œuvre, s’efforcer de créer une perfection.
Péniblement, en effet. Le jeune Flaubert voulait plaire ; les très étonnants scénarios de théâtre recueillis ici sont comme les séquelles d’un vieux désir de gloire (« l’auteur ! l’auteur ! »). Mais ce désir-là n’a qu’un temps ; lui succède la quête du Beau, qui est un combat sans fin. « L’empoisonnement de la Bovary m’avait fait dégueuler dans mon pot de chambre. L’assaut de Carthage [dans Salammbô] me procure des courbatures dans les bras. » La Tentation de saint Antoine occupe Flaubert pendant près de trente ans. On en trouvera ici les première et deuxième versions, qu’on ne lit jamais : la première, luxuriante et onirique, est mise au placard en 1849 ; la deuxième, où l’étrangeté naît de la concision, est laissée de côté en 1856 : trop audacieuse en un temps où le procureur impérial incrimine la « couleur sensuelle » de Madame Bovary.
Faire œuvre, c’est donc aussi, pour Flaubert, sacrifier, supprimer (on exhume ici plusieurs épisodes retranchés de Madame Bovary) et renoncer par avance à toute satisfaction. Tel est le prix à payer (par l’auteur) pour que le lecteur puisse un jour monter « sur ce grand Trottoir roulant que sont les pages de Flaubert » (Proust). Une expérience unique : les lois du langage paraissent avoir changé ; une variation dans le temps des verbes bouleverse notre vision des choses ; et l’on avance, comme en atmosphère modifiée, dans « quelque chose de pur comme un parfum, de fort comme la pierre, d’insaisissable comme un chant ».