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Collectif

L'Espèce humaine et autres écrits des camps

Édition publiée sous la direction de Dominique Moncond'huy avec la collaboration de Michèle Rosellini et Henri Scepi

Parution le 7 Octobre 2021
Bibliothèque de la Pléiade, n° 660
Achevé d'imprimer le 01 Septembre 2021
1696 pages, rel. Peau, 104 x 169 mm

71.00 € Acheter le livre

ISBN : 9782072729645
Code distributeur : G00673
GENCOD : 9782072729645

Ce volume contient

David Rousset : L'Univers concentrationnaire. François Le Lionnais : La Peinture à Dora. Robert Antelme : L'Espèce humaine. Jean Cayrol : De la mort à la vie - Nuit et brouillard. Elie Wiesel : La Nuit. Piotr Rawicz : Le Sang du ciel. Charlotte Delbo : Auschwitz et après : Aucun de nous ne reviendra - Une connaissance inutile - Mesure de nos jours. Jorge Semprun : L'Écriture ou la Vie.

« Il restera les livres, disait Jorge Semprun. Les récits littéraires, du moins, qui dépasseront le simple témoignage, qui donneront à imaginer, même s’ils ne donnent pas à voir… Il y aura peut-être une littérature des camps… je dis bien : une littérature, pas seulement du reportage… »
Les textes réunis dans ce volume ont été écrits entre 1946 et 1994 par des survivants des camps nazis. Ces survivants partagent un même dessein : témoigner de l’expérience qui a été la leur, la rendre mémorable dans une langue – le français – qu’ils ont reçue en héritage ou dont ils ont fait le choix. Moins en rapportant des épisodes extrêmes, des moments limites, qu’en rendant compte de l’ordinaire du temps concentrationnaire, sur quoi la mort règne et dans lequel s’effacent les formes et figures de l’humain.
Tous constatent que les mots manquent pour exprimer une telle insulte à l’espèce humaine. « On ne se comprenait pas » (Antelme). « Il n’y a rien à expliquer » (Cayrol). L’écriture touche là aux limites de son pouvoir. Dans une entreprise de cet ordre, impossible de satisfaire aux exigences de transparence et de véridicité généralement associées au langage quand il se fait témoignage. Pour que l’indéchiffrable monde des camps échappe, si peu, si partiellement que ce soit, à l’incommunicable, pour que quelque chose existe qui relève de la transmission, chacun de ces écrivains doit explorer l’envers du langage et approfondir la « réalité rêvée de l’écriture » (Semprun). C’est à « la vérité de la littérature » (Perec) qu’il revient de préserver la vérité de la vie.
Littérature. Le mot peut paraître sans commune mesure avec l’objet de tels récits. Il ne choquait pas leurs auteurs. C’est que la part littéraire ne relève pas chez eux d’un savoir-faire ou d’une rhétorique, moins encore d’un désir d’esthétisation. Mais d’un souci éthique de la forme, d’une morale du style. Antelme : « il faut beaucoup d’artifice pour faire passer une parcelle de vérité. » Semprun : « Raconter bien, ça veut dire : de façon à être entendus. On n’y parviendra pas sans un peu d’artifice. Suffisamment d’artifice pour que ça devienne de l’art ! » Permettre d’imaginer l’inimaginable, rendre le lecteur sensible à une vérité aussi inconcevable exige une profonde réélaboration de la réalité.
C’est en cela que les livres ici réunis sont des chefs-d’œuvre de la littérature du second XXe siècle. Et c’est pour cela que les qualifier de chefs-d’œuvre de la littérature ne les disqualifie pas, ne les rend pas inférieurs à la fonction que leur ont assignée leurs auteurs : témoigner d’« une catastrophe qui a ébranlé les fondements mêmes de notre conscience » (Cayrol).
C’est bien à la littérature – ici non pas truchement de l’illusion, mais instrument de la vérité – que ces survivants, ces écrivains, ont confié le soin de dérober au silence et à l’oubli une part de leur expérience et une pensée de ce que furent les camps, non pas simple moment de l’Histoire, mais entreprise sans précédent de négation de l’homme.

« L’ESPÈCE HUMAINE »

François Armanet, L'Obs  ( 09 au 15 décembre 2021)

« Au-delà du témoignage, des faits et du vécu, la littérature comme devoir et exigence de vérité, quand l’univers concentrationnaire et la solution finale interrogent la littérature même. Ce volume réunit les grands textes publiés en français entre 1946 et 1994 par des survivants des camps nazis : David Rousset, François Le Lionnais, Robert Antelme, Jean Cayrol, Elie Wiesel, Piotr Rawicz, Charlotte Delbo, Jorge Semprün. Tous ont traversé la mort, tous ont voulu penser l’ultime horreur sans trahir le temps des camps et l’enfer des survivants, pour être entendus. Chef-d’œuvre.»

Rédigés entre 1946 et 1994, les récits de survivants des camps nazis sont réunis en Pléiade. Charlotte Delbo, Jorge Semprun...une sélection magistrale.

Valérie Lehoux, Télérama ( 23 au 29 octobre 2021)

« La Pléiade réunit aujourd'hui en un seul volume ces textes-ci, et une petite dizaine d'autres, rédigés entre 1946 et 1994 par des auteurs francophones, de naissance ou de choix — on ne s'étonnera donc pas de l'absence d'un Primo Levi ou d'un Imre Kertész. Qu'ils figurent ou non parmi les classiques, leur arrivée dans la prestigieuse collection consacre leur couronnement littéraire : car c'est bien de littérature qu'il est question ici, non de témoignage.»

Humanité en recueil. Les chefs-d’œuvre longtemps méconnus de la littérature concentrationnaire sont enfin rassemblés. Plus que des témoignages, une vraie écriture pour transmettre l'indicible.

Maurice Szafran, Challenges (14 au 20 octobre 2021)

« Les Éditions Gallimard ont eu la magnifique idée de réunir dans un volume de sa prestigieuse collection de la Pléiade ces textes à la fois uniques et universels, publiés entre 1946 (L'Espèce humaine, d’Antelme, et Les jours de notre mort, de Rousset) et 1994 (L’Écriture ou la vie, de Semprun).

Delbo et les autres figurent désormais dans la Pléiade, leurs textes accompagnés d'un remarquable appareil critique. Enfin.»

Si c'est une littérature. Les écrits français de huit survivants des camps nazis montrent la prééminence de la littérature pour dire l'inexprimable.

Sabine Audrerie, La Croix (7 octobre 2021)

«  C’est sous le signe de la littérature, célébrant sa puissance, convoquant ses brillants émissaires (Dostoïevski, Shakespeare…), que se place d’emblée ce volume d’écrits littéraires de survivants des camps nazis, véritable étude en creux de la condition et de la nature humaines, s’appuyant sur cette citation du poète Edmond Jabès : « Qu’est-ce qu’un écrivain a de primordial à dire sinon cette chose qui est tout ce qu’il essaie de dire mais sans s’y appliquer, sans doute pour la laisser, indirectement, se dire.» Cheminant avec cette proposition, on verra, au long de cet essentiel recueil, que si l’expérience concentrationnaire a pu en partie engendrer ces hommes et femmes comme écrivains, c’est bien la littérature qui leur offrira la possibilité d’une transmission fine et inouïe de leurs vécus singuliers, a priori incommunicables.»