La Pléaide

  • La Pléiade /
  • Catalogue /
  • Bibliothèque de la Pléiade /
  • François Mauriac, Œuvres autobiographiques
Ajouter à ma sélection Ajouter à ma bibliotèque

François Mauriac

Œuvres autobiographiques

Édition de François Durand Feuilleter le livre

Parution le 26 Septembre 1990
Bibliothèque de la Pléiade, n° 367
Achevé d'imprimer le 13 Août 1990
1392 pages, rel. Peau

71.00 € Acheter le livre

ISBN : 9782070111886
Code distributeur : A11188
GENCOD : 9782070111886

Ce volume contient

La Vie et la Mort d'un poète - Commencements d'une vie - Souffrances et bonheur du chrétien - La Rencontre avec Barrès. Appendice : Bloc-notes, 24 septembre 1965. Journal d'un homme de trente ans - Du côté de chez Proust. Appendice : L'art de Marcel Proust. La Pierre d'achoppement. Appendice : Prêtres ouvriers. Mémoires intérieurs - Ce que je crois - Nouveaux mémoires intérieurs.

«On ne parle jamais que de soi», avoue Mauriac et il est vrai que si jamais romancier a proféré des doubles si clairs de son moi c'est bien lui, au point que Sartre a pu lui reprocher – peut-être à tort en définitive – d'adopter le point de vue de Dieu pour enfanter des personnages sur quoi l'auteur savait tout au principe. S'il connaissait tout de leur «pauvre chair» et de leur esprit, n'est-ce pas, précisément, parce qu'ils naissaient plus rigoureusement de lui que chez d'autres romanciers? Ce cœur de Mauriac, à la fois janséniste et voluptueux, il le rend – même si on devine que n'est souvent livrée que l'embellie après la tempête – dans ces œuvres autobiographiques que ce volume rassemble, parcourant l'ensemble de la vie, de l'origine bordelaise – à quoi sans aucune doute toute l'œuvre est suspendue et vers laquelle Mauriac reviendra comme on tente de revenir à l'enfance – jusqu'aux derniers textes, si graves qu'ils donnent parfois l'impression d'être une parole d'au-delà de la mort. On y rencontre Barrès – celui qui l'a reconnu et dont il faut de quelque façon se délivrer pour être soi – et on y erre du côté de Proust que probablement ou eût aimé être, avec – au passage – ces coups de dents dont Mauriac a le secret. On verra cependant, par les variantes, que Mauriac corrige sa nature en fourrant de velours sa griffe. Le coup – tout chrétien qu'il se veut – n'épargne pas : Montherlant? Faux don Juan. Gide? Petit protestant qui a de mauvaises habitudes. Cocteau? Un arlequin. Et, pour conclure : «Les âmes n'ont pas d'odeur, leur cadavre ne sent pas.» Mais le mémorialiste ne se leurre pas : «S'il existe un seul homme qui tienne son journal pour son agrément particulier [...], il lui reste toujours quelqu'un à duper ; et c'est lui-même.»
On pourrait résumer ces pages d'une autre façon : d'un côté il y a la chair mortelle ; de l'autre, il y a Dieu. «Quel homme, quelle femme, s'ils ont aimé, ce qui s'appelle aimer, fût-ce contre toutes les règles et toutes les lois, quel homme, quelle femme peuvent le regretter et n'y pas penser comme au seul moment de leur vie où ils auront vécu?» Mais «celui qui a mis l'infini dans l'amour, seul un être infini peut le combler». Toute la grandeur de ce Mauriac-là, qui cherche le secret de son être, est dans l'aveu de cet écartèlement : «Ma force fut toujours de reconnaître ma faiblesse.»